Reliques de nos églises

Textes écrits par Géraldine THEVENOT, Conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art de la Creuse.

Guéret : buste-reliquaire

Le buste-reliquaire de saint Pardoux appartenait au trésor du monastère de Guéret. 
Renfermant des reliques du saint thaumaturge, il faisait l’objet d’une grande dévotion, tout particulièrement le temps de l’octave de la Pentecôte où il était exposé à la vénération des fidèles et le jour de la fête de la Trinité où il était porté en procession. 
Il subit au cours des siècles plusieurs avanies. 
D’une hauteur de 33 cm et d’une largeur de 26 cm, ce reliquaire morphologique était composé d’un buste en ivoire incrusté de pierres fines et de verres colorés et d’une tête en argent. 
Cette dernière fondue à la Révolution fut remplacée par un chef en fer blanc estampé. 
Agrémenté sur sa base de l’inscription suivante : « sancte Pardulfi, ora pro nobis »1, l’objet portait la date de 1510 et des armoiries. 
Exposé au musée d’art et d’archéologie de Guéret à partir de 1844, il fut volé en 1906 par la bande Thomas-Faure qui l’aurait détruit. 
Le reliquaire est représenté sur le grand vitrail consacré à la vie de saint Pardoux et réalisé par Didron en 1899, seul souvenir encore visible aujourd’hui dans l’église de Guéret.
Géraldine Thévenot
: Saint Pardoux, priez pour nous.

La-Forêt-du-Temple : bras-reliquaire

L’église paroissiale Saint-Blaise de La Forêt-du-Temple conserve un bras-reliquaire en bois polychrome et doré qui recevait des reliques de saint Blaise. 
En effet, une statue du saint était portée en procession jusqu’à sa fontaine à quelques mètres du monument, lors du pèlerinage à saint Blaise le 3 février, jour de la fête du saint ; le bras-reliquaire devait également participer à ces dévotions. 
Ce reliquaire morphologique en forme d’avant-bras, d’une hauteur de 38 cm et d’une largeur de 13 cm, est habillé d’une manche rouge et terminé d’une main assemblée au poignet. 
Dans sa partie inférieure, côté paume de la main, est ouverte une logette à reliques rectangulaire, vitrée et dorée. 
A la place des reliques, aujourd’hui disparues, est placée une estampe. 
Cette image de piété populaire représente le Christ en croix et Marie-Madelaine agenouillée au pied de la croix. 
Inscrit au titre des monuments historiques en 1978, ce bras-reliquaire, de facture locale, pourrait dater du XVIe ou du XVIIe siècle.
Géraldine Thévenot

Maisonnisses : croix-reliquaire

Lieu d’une ancienne commanderie d’hospitaliers, l’église paroissiale Saint-Sébastien de Maisonnisses, conservait différents reliquaires. 
L’un d’eux est parvenu jusqu’à nous et est aujourd’hui exposé au musée d’art et d’archéologie de Guéret. 
Il s’agit de la croix à socle reliquaire de saint Jean-Baptiste1
Ce reliquaire en cuivre doré, de 25 cm de haut et de 6 cm de large, est composé d’un socle en forme de coffret à l’intérieur duquel étaient placées les reliques.
Il est décoré d’oiseaux stylisés et d’une inscription correspondant aux initiales de la salutation angélique. 
Il est surmonté d’une croix tréflée ornée de cabochons et de fleurs de lis estampées. 
Le Christ est représenté sur les deux faces de la croix : un Christ d’applique sur l’avers, un Christ gravé sur le revers.
Datée de la deuxième moitié du XVe siècle, cette œuvre d’une facture maladroite est probablement issue d’un atelier local. 
Elle est à rapprocher du reliquaire-monstrance de Saint-Julien-le-Petit (Haute-Vienne) qui provient du même atelier de fabrication.
Géraldine Thévenot
1 : L’église était à l’origine dédiée à saint Jean-Baptiste.

Malval : châsse-reliquaire

L’église paroissiale Sainte-Valérie de Malval fut dotée au Moyen Age d’une châsse-reliquaire de saint Etienne. 
Classée au titre des monuments historiques dès 1898, elle a été déposée par la commune en 1943 au musée d’art et d’archéologie de Guéret où elle est toujours exposée dans la salle d’orfèvrerie limousine. 
D’une hauteur de 12,5 cm et d’une largeur de 15 cm, cet objet en forme de coffret est constitué d’une âme en bois recouverte de six plaques en cuivre émaillé. 
Sur l’avers est reproduit le Martyre de saint Etienne : le diacre est condamné par Saül à la lapidation ; agenouillé en prière et ployant sous les coups de pierres de ses bourreaux, le protomartyr reçoit la bénédiction de Dieu figurée par une main bénissante sortant d’une nuée. 
Au-dessus de cette scène est représentée l’élévation au ciel de l’âme d’Etienne par deux anges. 
Le revers est orné d’un damier de quatre-feuilles. 
Sur chaque pignon est placé un saint. 
A l’origine, la châsse contenait des reliques, aujourd’hui disparues : des fragments de pierres qui auraient servi au martyre du saint. 
Datée du quatrième quart du XIIe siècle, cette œuvre a été fabriquée par les ateliers du Château de Limoges. 
Cette châsse-reliquaire de Malval, un des fleurons du musée de Guéret, a été prêtée à différents musées nationaux et internationaux à l’occasion d’expositions temporaires.
Géraldine Thévenot

Méasnes : bustes-reliquaires

L’église Saint-Léon de Méasnes conserve deux bustes-reliquaires en bois polychrome datant du XVIIe siècle qui ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1978. 
L’un représente le pape saint Léon II auquel est dédié l’édifice : le saint barbu porte une tiare rouge et jaune ornée de pierreries ; ses épaules sont couvertes d’une chape rouge ; sur sa poitrine est logée la réserve des reliques, aujourd’hui vide. 
Le second buste figure saint Protais : le saint à la courte barbe brune est coiffé d’un chaperon ; sur sa poitrine est aussi fixée la logette des reliques, fermée par un verre et aujourd’hui vide. 
Ces deux sculptures proviennent de l’ancienne abbaye cistercienne d’Aubepierre ; en effet, les moines vénéraient les deux saints milanais : saint Gervais et saint Protais, dont ils conservaient des reliques. 
D’ailleurs, un reliquaire de saint Gervais comprenant une châsse et un bras-reliquaire est également exposé dans l’église de Méasnes.
Géraldine Thévenot

Moutier-d'Ahun : statue-reliquaire

Chaque année, le 16 août, le bourg du Moutier d’Ahun est en liesse car il célèbre saint Roch. 
Après la messe, la statue du saint est portée en procession de l’église, son lieu de conservation, à la croix du pont. 
La sculpture est une statue-reliquaire de la fin du XVIIe siècle en bois peint, polychrome et doré. 
Debout sur un large socle où est inscrit son nom en lettres dorées, saint Roch, à la barbe et aux longs cheveux bruns, est chaussé de bottes à revers et vêtu d’une courte tunique que recouvre une pèlerine. 
Il tient dans sa main droite, le bourdon, et replie sa main gauche sur sa poitrine où est installée la logette des reliques, fermée par un verre. 
Quatre reliques sont exposées : au centre, celles de saint Roch, et autour, celles de Donatien, Justinien et Théodoric. 
Aux pieds du saint se dresse un chien qui tient dans sa gueule un pain, en référence à sa légende1
Un bouquet de rubans est accroché sur le bâton, rappelant la tradition des « saints à rubans » : les tissus au contact du saint sont chargés de vertus curatives. 
Au Moutier d’Ahun, ils sont offerts aux fidèles après la célébration.
Géraldine Thévenot
 
1 : Atteint de la peste, saint Roch, retiré dans un ermitage, était nourri par un chien qui, chaque jour, lui apportait un pain.

Pionnat : bras-reliquaire

En 1974, un bras-reliquaire de saint Eutrope, daté du 15e siècle et classé au titre des monuments historiques en 1914, a été déposé par la commune de Pionnat au musée d’art et d’archéologie de Guéret. 
Cette œuvre d’art d’une grande qualité technique et décorative est toujours exposée dans la salle d’orfèvrerie limousine. 
D’une hauteur de 38 cm et d’une largeur de 15 cm, le reliquaire morphologique est constitué d'une âme de bois recouverte par des plaques en argent et argent doré. 
Le bras repose sur une base hexagonale et se termine par une main bénissant.
Il est habillé de deux manches avec orfrois1 mêlant pierres colorées et perles d'argent montées à griffes. 
Les reliques, toujours présentes, sont enchâssées sur l’avers2 dans une logette3 qui s’ouvre par une petite porte ajourée de quatre-feuilles. Au revers de la manche sont insculpés4 trois poinçons non identifiés. 
Sur le socle est apposé un écusson aux armes de la famille Bonnevie de Pogniat qui fit don du reliquaire aux Célestins du prieuré des Ternes. 
A la suite de la suppression du monastère en 1771, le bras-reliquaire fut transporté dans l’église Saint-Martin de Pionnat, ainsi qu’une statue-reliquaire de saint Eutrope toujours conservée dans l’édifice pionnatois.
Géraldine Thévenot
1 : bande faite de broderie d’or rehaussée de perles, paillettes, cabochons
: face
3 : petite cavité
4 : marquer d’un poinçon

Saint-Sulpice-le-Guérétois : bras-reliquaire

Un reliquaire morphologique en forme de bras était conservé dans l’église paroissiale Saint-Sulpice de Saint-Sulpice-le-Guérétois. 
Il fut confié par l'abbé Tarrier à la marquise de Courthille qui le garda de 1939 à 1971, date à laquelle elle le déposa au musée d’art et d’archéologie de Guéret où il est toujours exposé. 
Ce bras-reliquaire de 48 cm de hauteur et 12,5 cm de largeur est en cuivre repoussé et doré sur une âme de bois. 
La main bénissante est habillée d'une manche double, décorée d'un réseau losangé, de fleurs de lys renversées, de quatre-feuilles inscrits dans un cercle et de verroteries taillées en cabochon. 
Au centre du bras est installée la logette à reliques fermée par une porte à claire-voie. 
Elle contiendrait des reliques de saint Sulpice de Bourges. 
Cet objet, œuvre d’un atelier limousin, date du 3e quart du XIIIe siècle et a été classé au titre des monuments historiques en 2006. 
Il paraît contemporain des bras-reliquaires de saint Pardoux et de Saint-Fréjoux (Corrèze).
Géraldine Thévenot

Saint-Vaury : châsse

Le saint Valéric qui vécut dans un ermitage à Saint-Vaury au cours du VIe siècle, était si vénéré qu’à sa mort, il fut inhumé dans l’église paroissiale Saint-Julien. 
Son tombeau devint un lieu de pèlerinage. 
Une grande châsse, longue d’1,20 mètre et couverte de 34 plaques argentées et dorées, reçut au XIIIe siècle ses reliques. 
Aujourd’hui, cet objet a été démantelé et seules sept plaques, classées au titre des monuments historiques depuis 1904, sont conservées au musée d’art et d’archéologie de Guéret. 
Chacune des plaques est décorée d’un thème. 
Une première plaque représente l'ange de l'Annonciation qui tient un phylactère1 ; une seconde, la Visitation : sainte Élisabeth presse dans ses bras la Vierge ; une troisième, la Nativité : la Vierge alitée tend son bras droit vers l'Enfant placé dans une mangeoire encadrée par le bœuf et l'âne ; une quatrième, probablement saint Joseph, de profil, assis sur un siège et s’appuyant sur un bâton ; une cinquième, l'Annonce aux bergers : un berger avec un chien regarde un ange qui lui montre un phylactère ; la sixième, la Fuite en Égypte : la Vierge et Jésus chevauchent sur un âne ; la septième, peut-être Hérode assis sur un trône qui reçoit les mages.
Géraldine Thévenot
1 : petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage que l’on représente.

Sardent : bras-reliquaire

Exposé au musée d’art et d’archéologie de Guéret, le bras-reliquaire de saint Pardoux est un vestige du trésor de l’église paroissiale Saint-Martin de Sardent. 
Il a été acquis par le musée entre 1857 et 1881. 
Ce reliquaire morphologique en forme d’avant-bras, d’une hauteur de 43,5 cm et d’une largeur de 11 cm, est constitué d’une âme de bois recouverte de deux feuilles de cuivre doré et repoussé. 
Le bras dont la main tient, entre le pouce et le majeur, une boule d’or, est habillé d’une manche double ornée d'asters à six ou douze pétales inscrits dans un cercle, imitant un damas ou une broderie, et de cabochons imitant les orfrois des vêtements. 
En son centre est placée une logette à reliques1 fermée par une claire-voie à motif en croix. 
Une plaque à charnière située en-dessous du bras permet d’atteindre les reliques. 
Elle est en émail champlevé et décorée d’un ange en buste, aux ailes déployées, inscrit dans un médaillon. 
De fabrication limousine, ce reliquaire date du 2e tiers du XIIIe siècle. 
Il a été restauré en 1995 par le service de restauration des Musées de France. 
Cette œuvre paraît contemporaine des bras-reliquaires de Saint-Sulpice-le-Guérétois et de Saint-Fréjoux (Corrèze) ; ils sont tous trois de style et de structure comparables.
Géraldine Thévenot
1 : Le reliquaire ne conserve plus de reliques. A l’origine, il s’agissait d’un morceau du bras de saint Pardoux.