Pèlerinages locaux

Textes écrits par Géraldine THEVENOT, Conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art de la Creuse.

Bonnat : pèlerinage à saint Silvain

Depuis des siècles, le saint, Silvain, est honoré à Bonnat (à noter : Silvain et non Sylvain). 
En effet, l’église lui est dédiée, et, sur la route de la Celle-Dunoise, lui est consacrée une fontaine monumentale. Auprès d’un bassin carré se dresse un édicule maçonné, constitué de trois niveaux fermés par une grille : au niveau inférieur se trouve la fontaine sur le mur de laquelle est placée une statue du saint guérisseur ; au niveau médian, une niche abrite une statuette de la Vierge ; au niveau supérieur, une seconde niche, surmontée d’une croix, renferme une statue du saint en évêque. 
Saint Silvain est, ici, particulièrement vénéré pour la protection des enfants. 
En effet, les eaux sont réputées guérir leurs convulsions, mais aussi les rhumatismes. 
De l’argent était même jeté dans la source pour s’assurer d’être exaucé. 
A l'origine, une procession avait lieu le 23 septembre, au cours de laquelle la tradition voulait que les malades, pour obtenir la guérison, passent sous la statue du saint protecteur. 
Elle existe toujours, en septembre, mais la date varie.
Géraldine Thévenot

La-Forêt-du-Temple : pèlerinage à saint Blaise

La Forêt-du-Temple était autrefois renommée pour son pèlerinage à saint Blaise qui avait lieu le 3 février, jour de sa fête, et qui rassemblait Creusois et Berrichons limitrophes. 
Cette dévotion, toujours célébrée, s’organise autour d’une procession entre l’église et la fontaine voisine. 
Saint Blaise était le saint patron de la cure. 
Grand saint guérisseur, très populaire dans les campagnes, il veillait à la prospérité des récoltes et des bêtes. 
Sa bonne fontaine est constituée d’un édicule1 en granite : de forme rectangulaire, composé d’un piédestal sur lequel repose une croix.
La source du saint est réputée, principalement, pour trois vertus : marier les jeunes filles, préserver le bétail et pallier à la sécheresse. 
Dans ce dernier cas, la statue du thaumaturge2 était portée à la fontaine où ses pieds devaient toucher l’eau pour mettre fin aux trop fortes chaleurs. 
Afin de la préserver de toute altération, cette statue du XVIe siècle, toujours vénérée dans l’église, a été, au début du XXe siècle, remplacée lors des processions, par une statue contemporaine. 
La bannière de procession et le bras-reliquaire de saint Blaise participaient aussi à son culte.
Géraldine Thévenot
 
1 : Petite construction édifiée sur la voie publique.
2 : Personne qui fait des miracles.

La-Forêt-du-Temple : pèlerinage à la Vierge

Un second pèlerinage est célébré le 14 septembre à La Forêt-du-Temple. 
Il est dédié à la Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de La Nativité, et plus localement de Notre-Dame de La Graule. 
Une procession chemine de l’église Saint-Blaise jusqu’à l’entrée du village de La Graule où un petit enclos paysager délimite l’espace sacré. Au centre se dresse une croix latine monumentale en granite. 
Son socle repose sur un soubassement maçonné de forme rectangulaire. 
Une plaque en porcelaine est apposée sur le socle. 
Elle commémore l’année de son érection en 1913 : « Croix érigée par les habitants de la Graule / 14 septembre 1913 / Miséricordieu Jésus protégez nous ». 
Cette croix a une vocation mémorielle, puisque, selon la tradition orale, elle a été élevée en souvenir d’une villageoise foudroyée, en ce lieu, au cours d’un orage. 
Chaque année, les pèlerins processionnent avec la statue habillée de la Vierge jusqu’à la croix de La Graule décorée pour l’occasion.
Géraldine Thévenot

Lourdoueix-Saint-Pierre : pèlerinage à sainte Marie-Madeleine

Le village de Lignaud fait partie de la commune de Lourdoueix-Saint-Pierre. 
Dans ce lieu, sur une petite butte, est édifiée une chapelle qui a été reconstruite au XVIIIe siècle. 
Dédiée à sainte Marie-Madeleine, elle est accompagnée, en contrebas, d’une fontaine. 
Chaque 22 juillet1, jour de la fête de la sainte, était organisé un pèlerinage en son honneur.
La procession cheminait de la chapelle jusqu’à une croix en haut du village. 
La fontaine maçonnée est fermée par une porte en métal, peinte en blanc, qui comprenait un tronc, aujourd’hui inutilisé, dans lequel les pèlerins glissaient une offrande. 
Elle est surmontée d’une niche fermée par un grillage dans laquelle est placée une sculpture de sainte Marie-Madeleine, datant de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle. 
La source était réputée guérir les fièvres et les maladies infantiles. 
Les écrits contemporains attestent de l’existence d’une confrérie de sainte Madeleine et de l’usage des reinages2 : après la messe, cette coutume mettait aux enchères les dignités de la confrérie.
Géraldine Thévenot
 
1 : Aujourd’hui la date varie.
2 : Adjudication du titre de roi et de reine qui était remis en jeu chaque année.

Mortroux : pèlerinage à sainte Marie-Madeleine

Aujourd’hui encore, Mortroux semble avoir gardé le souvenir de sa sainte patronne, sainte Marie-Madeleine.
En effet, en prenant la route de La Forêt-du-Temple, sur le bord de la chaussée, se dresse un oratoire clos par une grille en fer forgé. 
Il s’agit de la fontaine Sainte-Madeleine, dont les eaux étaient réputées guérir des fièvres. 
Le 22 juillet, jour de sa fête, avait lieu une procession avec la statue de la sainte portée par les pèlerins, de l’église jusqu’à la bonne fontaine. 
Cette dévotion est toujours honorée. 
Toutefois, la surprise est grande lorsque nous découvrons la statue qui occupe actuellement la niche de la fontaine. Il ne s’agit nullement d’une sculpture de sainte Madeleine, mais de sainte Germaine. 
Nous lisons, d’ailleurs, de chaque côté de l’image, les initiales suivantes, confectionnées en mosaïque vraisemblablement au cours du XXe siècle : « S » et « G », nous convainquant définitivement de son identification. Ainsi, la source, initialement dévolue à sainte-Madeleine, s’est transformée en fontaine Sainte-Germaine. 
Aujourd’hui processionnons-nous à la fontaine Sainte-Madeleine ou à la fontaine Sainte-Germaine ? Aux deux probablement…
Géraldine Thèvenot

Moutier-d'Ahun : pèlerinage à saint Roch

Chaque 16 août, le bourg du Moutier-d’Ahun fête saint Roch, son saint patron. 
La célébration s’ouvre par une messe devant l’ancienne abbatiale. 
A cette occasion, la statue-reliquaire du saint en bois polychrome et doré, datant de la fin du XVIIe siècle et conservée dans l’église, est parée de rubans et de fruits. 
Portée en procession dans la rue principale jusqu’au pont médiéval, elle traverse la Creuse pour rejoindre, sur la rive opposée, une croix avec un reposoir édifiée sous un imposant platane. 
A cette station a lieu la bénédiction d’une brouette remplie « des fruits de la terre », ainsi que des pèlerins venus honorer le saint réputé guérir des maladies et assurer de bonnes récoltes. 
En effet, en période de sécheresse, la tradition veut que les porteurs descendent avec la statue dans la rivière pour demander, par son intercession, la pluie. 
Par ces pratiques, le pèlerinage à saint Roch du Moutier-d’Ahun évoque les Rogations1.
Géraldine Thévenot

1 : Les Rogations ont été instituées au Ve siècle et ont lieu trois jours avant l’Ascension : elles requièrent la bénédiction divine sur les travaux de la terre.

Moutier-Malcard : pèlerinage à saint Eutrope

Le relais paroissial de Bonnat perpétue, chaque année à Moutier-Malcard, le pèlerinage à saint Eutrope de Saintes1. Instauré à l’origine le 30 avril2, jour de la fête du saint, les fidèles, accompagnés de sa statue conservée habituellement dans l’édifice cultuel, se rendent en procession de l’église jusqu’à la fontaine saint Eutrope. 
Située sur la route de Genouillac, à la sortie du bourg, la source est protégée d’une structure maçonnée parallélépipédique sur laquelle est placé un fût en granite surmonté d’une croix en fer peinte en blanc. 
Cette eau miraculeuse est réputée guérir les estropiés et les hydropiques3.
Géraldine Thévenot
 
1 : Martyr du Ier ou du IIIe siècle, honoré comme 1er évêque de Saintes
2 : Aujourd’hui la date varie
3 : Maladie générant des œdèmes

Saint-Vaury : pèlerinage à saint Valéric

Dominant le bourg de Saint-Vaury, le Mont Bernage, connu aujourd’hui sous le nom de Puy des Trois Cornes, abrita, au cours du VIe siècle, un saint ermite originaire du diocèse de Reims : saint Valéric. 
Sa renommée était telle qu’à sa mort, inhumé dans l’église paroissiale Saint-Julien, son tombeau devint un lieu de pèlerinage. Il était réputé guérir la paralysie et la goutte. 
Une grande châsse, longue de 1,20 mètre et couverte de 34 plaques argentées, reçut au XIIIe siècle ses reliques et était présentée à la vénération des fidèles. 
Aujourd’hui, cet objet a été démantelé et seules 7 plaques sont conservées au musée d’art et d’archéologie de Guéret. 
Si sa sépulture et ses reliques ne sont plus révérées, un pèlerinage en son honneur a toujours lieu, le 8 juillet, célébrant à l’origine la fête de la translation de ses reliques. 
Conduite par la statue du saint portée par les pèlerins, la procession part de la croix du village du Peyroux pour se rendre à la fontaine de saint Valéric, source miraculeuse qu’il aurait fait jaillir d’un coup de bâton. 
Elle soigne les malades en y trempant leur linge ou leurs membres souffrants. 
Face à la bonne fontaine se dresse, sur un rocher, une statue polychrome de saint Valéric datant du XIXe siècle. 
A ses pieds sont déposées bougies votives et fleurs pour honorer le saint thaumaturge1.
Géraldine Thévenot
1 : qui fait des miracles.

Sardent : pèlerinage à saint Pardoux

Premier abbé du monastère de Guéret, Pardulphe, aujourd’hui connu sous le vocable de saint Pardoux, était originaire de Sardent où il naquit en 6571 et où il vécut en ermite. 
Thaumaturge réputé dans son ermitage du Mont-de-Sardent, sa vita2 relate de nombreux miracles. 
Une chapelle Saint Pardoux, construite en 1870 sur son ancien lieu de solitude, commémore son souvenir. 
Associées au monument, deux fontaines maçonnées recèlent des vertus curatives. 
Elles guérissent les maladies oculaires, mais aussi les maladies infantiles. 
Des linges du malade étaient accrochés en ex-voto aux arbres proches de la source. 
Boire l’eau ou en asperger le membre malade permet de recouvrir la santé.
Y jeter des épingles à cheveux aide les jeunes filles à se marier dans l’année. 
Enfin, troubler l’eau à l’aide d’une baguette a une action climatique pour obtenir soit la pluie, soit le soleil. Un pèlerinage avait lieu chaque 6 octobre, jour de la fête de saint Pardoux. 
Désormais, il se déroule le lundi de Pentecôte.
Géraldine Thévenot
 
1 : Il meurt vers 737.
2 : Vita : livre dans lequel sont racontés la vie et les miracles d’un saint.