Quelques sculptures

Textes écrits par Géraldine THEVENOT, Conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art de la Creuse.

Azat-Châtenet: groupe sculpté de saint Julien

L'église paroissiale Saint-Julien-de-Brioude d’Azat-Châtenet conserve un groupe sculpté de saint Julien.

Cette sculpture en calcaire peint, polychrome, d’une hauteur de 91 cm et d’une largeur de 48 cm, représente le martyre du saint en mettant en scène sa décollation.

Debout, sur une terrasse de rochers, le bourreau brandit, de sa main gauche, l'épée, instrument du supplice, et, de sa main droite, la tête décapitée de saint Julien. Le reste du corps du saint est placé sur la droite, agenouillé, ses poignets liés par une corde, soulignant son statut de prisonnier.
Le visage émacié du bourreau est particulièrement expressif : rides marquées, lèvres dévoilant les dents de la mâchoire supérieure, lui donnant un rictus grimaçant, au contraire du martyr au visage apaisé et aux yeux clos. Les deux protagonistes sont vêtus d'un costume militaire à cotte de mailles recouvert d’une tunique bordée d'orfrois.
Saint Julien porte cependant une armure rappelant sa condition d’officier de l’armée impériale. En effet, ce saint du IIIe siècle, un des plus célèbres martyrs de Gaule, était secrètement chrétien. Il fut arrêté et décapité à Brioude, lieu où il est aujourd’hui encore vénéré.
Cette œuvre, classée au titre des monuments historiques dès 1927, date du 4e quart du XVe siècle - 1er quart du XVIe siècle.
Elle a été restaurée en 1978-1980 par Marcel Maimponte qui a restitué des parties manquantes, notamment le bras gauche du bourreau.
Une statue de saint Julien de Brioude, contemporaine de celle d’Azat-Châtenet, est conservée dans l’église paroissiale Saint-Julien-de-Brioude de Fresselines.
Géraldine Thévenot

Chamberaud : statue de la Vierge à l'Enfant

L'église paroissiale Saint-Blaise de Chamberaud, anciennement dédiée à saint Jean-Baptiste, faisait partie d'une commanderie de templiers. 

Elle conservait une statue d’une Vierge à l'Enfant qui, en raison de l’état de délabrement de l’édifice, a été déposée en 1945 au musée d'art et d'archéologie de Guéret. 
Cette sculpture en calcaire peint, polychrome, d’une hauteur de 69 cm et d’une largeur de 34 cm, représente la Vierge allaitant l'Enfant Jésus.
Assise sur un banc, la Vierge couronnée aux longs cheveux bruns bouclés, est vêtue d'une robe bleue et d'un ample manteau rouge, doublé de vair, qui laisse entrevoir ses pieds chaussés de poulaines. 
Elle tient sur son bras gauche, l'Enfant, dans sa main droite, un sceptre fleuri. 
L'Enfant aux courts cheveux blonds bouclés, vêtu d'un long pagne vert, tient de ses deux mains, le sein gauche de sa mère qu'il tête. 
Cette statue illustre le thème de la "Virgo lactans", thème de la Vierge de tendresse, nourricière et protectrice ; cette iconographie a été rarement figurée dans le département creusois. 

Datée du 4e quart du XIVe siècle - 1er quart du XVe siècle, elle a été inscrite au titre des monuments historiques en 2012.
 
Géraldine Thévenot

La Saunière : groupe sculpté

L’église paroissiale de la Nativité-de-la-Très-Sainte-Vierge de La Saunière conserve un groupe sculpté de la Vierge de Pitié entourée de saint Jean et de sainte Madeleine. 
Cette oeuvre du XVe siècle, a été réalisée en pierre calcaire polychrome. Elle mesure 74,5 centimètres de hauteur pour une largeur d’un peu plus d’un mètre.
Sur une imposante base rectangulaire, la Vierge, vêtue d’une longue robe bleue et d’un manteau-voile blanc à fermoir quadrilobé, tient sur ses genoux le corps du Christ mort.
A sa droite, le genou gauche à terre, saint Jean, vêtu d’une tunique rouge et d’un manteau vert, pose respectueusement de ses mains, la tête du Christ sur sa cuisse droite.
A la gauche de la Vierge, sainte Madeleine, vêtue d’une robe rouge et d’un manteau vert et également agenouillée, tient dans sa main gauche un vase. A l’aide d’un pinceau, elle oint d'aromates les pieds du Christ.
Repeinte postérieurement, la polychromie ancienne a probablement été conservée. Cette iconographie, moins fréquente, ne présente pas d’autres exemples pour le département de la Creuse. Cette sculpture a été classée au titre des monuments historiques en 1927.
Géraldine Thévenot

Lépinas : statue de saint Pierre

L’église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul à Lépinas conserve dans son chœur une statue de saint Pierre. 

D’un mètre de haut, elle est en bois polychrome et pourrait dater du XVIIe siècle. 
Elle a été inscrite au titre des monuments historiques en 1978. 
Debout sur une large base octogonale sur laquelle est gravé son nom, l’apôtre, auquel est dédié l’édifice, porte une courte barbe brune. 
Il est vêtu d’une tunique rouge et drapé d’un manteau jaune. 
Il tient dans sa main gauche un livre ; l'attribut dans sa main droite, qui était une clef, a disparu. 
Cette sculpture au style maladroit, campant un saint tout en raideur, évoque une production locale.
Géraldine Thévenot

Saint-Victor-en-Marche : statue de Saint Barthélemy


L’église paroissiale Saint-Victor à Saint-Victor-en-Marche conserve dans sa nef une statue de saint Barthélemy.

Cette sculpture en pierre calcaire polychrome mesure 83 centimètres de hauteur pour une largeur de 30 centimètres. 

Debout sur une large base, le saint aux longs cheveux bruns et à la barbe en pointe, vêtu d'une tunique verte que recouvre un manteau rouge, tient dans sa main droite un livre et, dans sa main gauche, un couteau, instrument de son martyre. En effet, l’apôtre Barthélemy aurait été écorché vif.

Cette oeuvre a été exécutée dans le 4e quart du XVe siècle ou 1er quart du XVIe siècle. Elle présente des altérations : des cassures aux mains gauche (doigts) et droite (couteau), ainsi qu’à la tête (calotte crânienne). Repeinte, sa polychromie d’origine a probablement été préservée : seule une restauration la ferait apparaître. Cette statue a été inscrite au titre des monuments historiques le 22 février 2012.
Elle fait partie d'un ensemble de trois sculptures conservées dans l'édifice. Elle provient effectivement du même atelier que les statues de saint Michel et de saint Victor. Ces trois oeuvres sculptées constituent un ensemble de la fin du Moyen Age de grand intérêt.
Géraldine Thévenot